Stratégies pour surmonter les défis de l’interaction interculturelle dans l’administration publique

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Pour mieux comprendre les subtilités de l’interaction interculturelle, ses dimensions clés et les défis à relever, nous vous encourageons à commencer par lire notre précédent article de blog consacré à ce sujet. Cette vue d’ensemble vous permettra de mieux appréhender le contexte dans lequel vous pourrez déployer les stratégies évoquées ici.

Dans un secteur public de plus en plus diversifié, la capacité à interagir efficacement avec d’autres cultures est cruciale. S’appuyant sur notre précédente analyse des principaux défis et dimensions de l’interaction interculturelle, cet article de blog examine les stratégies pratiques que les administrations publiques européennes et les entités exposées à l’interculturel peuvent adopter pour relever ces défis et favoriser une collaboration plus inclusive et efficace.

Image générée par Napkin.ai par Paul Courtois

  1. Développer sa conscience culturelle

Cette étape est fondamentale pour favoriser une interaction interculturelle positive et implique une triple approche.

Premièrement, il s’agit de remettre en question ses propres préjugés et de réfléchir à la question de savoir si vos réactions à l’égard d’une culture spécifique sont fondées sur des faits ou des suppositions.

Deuxièmement, il s’agit de s’informer activement sur les autres cultures par le biais de la lecture, de voyages ou de contacts avec des personnes d’origines diverses, ce qui permet d’approfondir votre compréhension générale des dynamiques interculturelles et de nourrir le respect mutuel.

Troisièmement, il s’agit de passer de l’ethnocentrisme, qui consiste à juger les autres cultures selon vos propres critères, à l’ethnorelativisme, qui reconnaît l’unicité et la valeur de toutes les cultures. Cette approche vous permet d’apprécier les différences sans les juger et d’interagir plus efficacement dans des environnements multiculturels où la diversité peut être considérée comme un atout.

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Un fonctionnaire habitué à un style de communication directe peut croire initialement que cette approche est la plus efficace. Il se retrouve frustré lors de ses échanges avec son collègue, issu d’un autre milieu culturel, qui préfère communiquer de manière plus indirecte. Cependant, après avoir pris le temps de réfléchir et de s’informer sur les habitudes professionnelles de son collègue, le fonctionnaire comprend que les deux styles de communication peuvent être tout aussi valables et efficaces selon le contexte.

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2. Cultiver l’empathie culturelle

L’empathie culturelle ne se limite pas à la simple reconnaissance des différences ; elle exige une connexion émotionnelle avec les autres et une vision du monde de leur point de vue, favorisant ainsi une compréhension interculturelle plus approfondie.

Cette démarche s’articule autour d’une écoute active, d’une observation attentive du langage corporel et du contexte, en posant des questions ouvertes afin d’encourager un dialogue respectueux.

Il s’agit également de dépasser l’analyse stricte du comportement de vos interlocuteurs pour vous concentrer sur le contexte interculturel dans lequel il s’inscrit, afin d’éviter de porter des jugements hâtifs.

En fin de compte, le véritable respect des différences culturelles consiste à apprécier leur valeur en tant que source d’informations et d’apprentissage, ce qui améliore la capacité à se comprendre mutuellement.

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Une fonctionnaire issue d’un milieu culturel spécifique écoute attentivement un collègue d’une autre culture qui exprime ses inquiétudes concernant une nouvelle politique. La première pose des questions ouvertes au second, en évitant tout jugement afin de bien saisir le point de vue de son interlocuteur.

En appréciant et en valorisant l’approche de son collègue, différente de la sienne, la fonctionnaire reconnaît cette diversité comme une opportunité d’apprentissage et de meilleure collaboration.

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3. Savoir quand et comment agir

Dans un contexte interculturel, il est essentiel d’évaluer les dynamiques culturelles et les styles de communication avant d’agir. Adapter son approche permet d’éviter les malentendus et de renforcer la collaboration.

La capacité d’adaptation varie d’une personne à l’autre, car elle doit souvent trouver un équilibre entre ses propres habitudes culturelles et la nécessité de s’adapter à de nouvelles situations. Il est important d‘identifier les domaines dans lesquels la flexibilité est possible sans compromettre les valeurs fondamentales, et de trouver un équilibre entre le respect des normes locales et l’introduction progressive de nouvelles pratiques. Par exemple, vous pouvez mélanger vos méthodes de travail habituelles avec celles de vos homologues.

Comprendre pourquoi les individus peuvent résister à l’adaptation dans des contextes interculturels est également essentiel pour améliorer la coopération. Plusieurs facteurs entrent en jeu, comme les biais cognitifs, qui peuvent amener les personnes à interpréter les comportements des autres à travers des stéréotypes ou des biais de confirmation (voir notre précédent article de blog pour plus de détails). En outre, le processus de réflexion peut varier : lorsqu’ils sont confrontés à de nouvelles informations, les gens peuvent d’abord réagir instinctivement, mais il est important de passer rapidement à une réflexion plus lente et logique pour éviter les jugements hâtifs. Le modèle de Richard Lewis met en exergue trois types d’interlocuteurs (linéaires-actifs, axés sur les tâches et directs ; multi-actifs, émotionnels et multitâches ; réactifs, axés sur les relations et indirects) qui peuvent influencer la manière dont les personnes interagissent et s’adaptent.

Pour trouver la bonne approche, il faut déterminer le degré de flexibilité possible sans perdre de vue ses objectifs. Pour encourager l’adaptation interculturelle, il est utile de communiquer ouvertement sur les attentes et les différences culturelles, de permettre une adaptation graduelle des éléments de la négociation au rythme de chacun et de favoriser un climat de confiance, dans lequel les erreurs sont considérées comme des occasions d’apprendre.

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Une fonctionnaire observe que son homologue d’une autre culture privilégie les délais flexibles et les discussions informelles. Elle entame alors une conversation ouverte sur leurs attentes mutuelles et trouve des moyens de combiner les deux styles de travail, ce qui favorise la confiance entre eux.

En reconnaissant ces différences culturelles dans les habitudes de travail et en offrant une marge de manœuvre pour s’adapter, ils améliorent leur capacité à collaborer efficacement tout en restant concentrés sur les objectifs du projet.

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4. Développer sa communication interculturelle

Une communication interculturelle efficace va bien au-delà de la simple traduction. Elle requiert une compréhension approfondie des différences culturelles, une adaptation de votre style de communication, ainsi qu’une certaine souplesse dans votre approche. L’écoute active des signaux verbaux et non verbaux est également essentielle pour favoriser des échanges respectueux et significatifs.

La maîtrise de la langue est un élément clé pour garantir une communication claire. Cela implique de maîtriser la langue de travail, y compris le vocabulaire, la grammaire, le ton, le rythme, l’humour et les expressions idiomatiques, qui peuvent tous varier, parfois considérablement, d’une culture à l’autre. En saisissant ces subtilités, vous pourrez non seulement renforcer la clarté, mais aussi enrichir le dialogue interculturel.

En outre, la maîtrise du jargon professionnel et du langage courant de vos interlocuteurs est essentielle pour une communication efficace dans les environnements multiculturels. Chaque domaine professionnel possède ses propres termes et expressions. Les comprendre et les utiliser correctement permet d‘améliorer la clarté, d’instaurer la confiance et de faciliter la collaboration.

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Une fonctionnaire et son collègue ont des langues maternelles différentes, mais ils doivent travailler ensemble sur un projet politique commun. Pour favoriser une collaboration efficace, la fonctionnaire ne se contente pas simplement d’utiliser la langue de travail commune, mais fait l’effort supplémentaire d’apprendre les termes techniques spécifiques et les expressions idiomatiques couramment utilisés dans l’administration publique nationale de son collègue. Elle reconnaît également que, dans sa propre culture, le sarcasme est souvent utilisé comme forme d’humour, ce qui n’est pas le cas dans la culture de son collègue, adaptant son ton en conséquence.

En adaptant ainsi son langage et son style de communication, elle s’assure d’avoir une communication plus claire, contribuant à renforcer les relations professionnelles.

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5. Construire des ponts culturels

Cette approche vise à créer un terrain d’entente pour favoriser la confiance et la compréhension entre des personnes d’origines diverses. En se concentrant sur les similitudes, il devient plus facile de faire tomber les barrières et de promouvoir l’ouverture au sein des équipes ou des groupes.

Pour établir de telles bases, il est d’abord nécessaire d’identifier les valeurs, les expériences ou les croyances partagées, qui peuvent servir de fondement à la confiance et à la collaboration.

Faciliter les espaces de dialogue interculturel, par le biais d’ateliers, de programmes de mentorat ou d’événements culturels, par exemple, encourage également les échanges en profondeur, l’apprentissage continu et le développement de compétences interculturelles.

Pour réduire (et résoudre) les tensions qui peuvent résulter des différences culturelles, il est important de rechercher des compromis qui respectent les valeurs et les pratiques de chacun. Par exemple, lorsque les membres d’une équipe ont des styles de prise de décision différents (l’un privilégiant la rapidité et l’autre le consensus), une solution équilibrée pourrait consister à fixer un calendrier de décision clair, à prévoir du temps pour la consultation et la réflexion interne, et à structurer le processus en étapes associant des échanges réguliers avec l’autre partie et des décisions prises en temps voulu. Cette méthode permet de concilier efficacité et consensus, tout en respectant les préférences culturelles de toutes les parties concernées.

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En échangeant, deux chefs d’unité ont réalisé qu’en dépit de leurs différences culturelles, ils avaient des idées similaires sur ce qui fait fonctionner un service public. Ensemble, ils ont décidé d’organiser un atelier mensuel sur ce thème avec leurs équipes respectives, afin de leur donner l’occasion d’aborder les problèmes potentiels influencés par la culture dans le processus de leur administration publique.

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En conclusion…

Dans le monde globalisé d’aujourd’hui, les interactions interculturelles sont au cœur des relations personnelles et professionnelles. Elles présentent non seulement des défis tels que l’ethnocentrisme et les barrières de communication, mais aussi de précieuses opportunités de croissance.

Une interaction interculturelle réussie ne consiste pas à imiter les pratiques culturelles des autres, mais à comprendre sincèrement et à intégrer de manière réfléchie des perspectives différentes, tout en restant en phase avec ses propres valeurs. En adaptant votre comportement au contexte culturel et en vous appuyant sur une compréhension authentique, vous pouvez combler les différences culturelles et favoriser une collaboration harmonieuse et efficace.

Cette réflexion soulève une question cruciale : comment les compétences interculturelles influencent-elles la négociation internationale, la résolution de conflits et la création de valeur dans un monde globalisé ? L’étude de ce sujet pourrait apporter des éclairages précieux aux entités cherchant à optimiser les interactions transfrontalières et à obtenir des résultats mutuellement bénéfiques dans un environnement de plus en plus interconnecté.

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Vous souhaitez renforcer ou développer ces compétences essentielles ? Rejoignez-nous pour une formation de deux jours intitulée « Négociation interculturelle : Réduire des obstacles, Créer des synergies », organisée avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), du 1er au 2 octobre 2025. Ce programme est dispensé en anglais, avec une interprétation simultanée en français.

Cette formation vous permettra :

  • de comprendre les enjeux culturels qui influencent les processus d’interaction, notamment lors des négociations ;
  • d’acquérir des outils pratiques pour surmonter les barrières linguistiques et de communication ;
  • de développer votre intelligence culturelle pour mieux anticiper et gérer les différences de valeurs et de normes ;
  • d’apprendre à transformer les défis interculturels en opportunités dans vos négociations.

À l’issue de cette séance, vous serez mieux équipé(e) pour naviguer dans le paysage complexe des interactions et négociations interculturelles, et transformer les défis en opportunités.

Investir dans le développement de vos compétences interculturelles n’est plus un luxe, mais une nécessité dans notre monde interconnecté. Rejoignez-nous pour deux jours de formation et faites le premier pas vers une carrière de négociateur/trice interculturel(le) accompli(e).

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Déclaration d’assistance par l’IA : des outils d’intelligence artificielle générative ont été utilisés pour réviser et corriger la formulation, ainsi que les éventuelles fautes d’orthographe de ce blog. Les analyses finales, arguments, points de vue critiques et conclusions sont le résultat du travail des auteurs et restent sous leur seule responsabilité.

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